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L1: Sampaoli, la passion au service des émotions

Deux ans après avoir claqué la porte à Marseille, l'entraîneur argentin Jorge Sampaoli, 64 ans, toujours aussi passionné mais peut-être un peu moins intransigeant, retente sa chance en Ligue 1, à Rennes, avec le même "enthousiasme" et la même soif d'émotions avant tout.

"J'aimerais que ce soit une caricature. Mais non, c'est ma manière de vivre le football, de manière excessive, parfois", a soupiré le technicien mardi, lorsqu'il a été interrogé sur sa réputation d'entraîneur au tempérament volcanique.

Son caractère, raccord avec son look de bad boy, crâne rasé et bras couverts de tatouages, a d'ailleurs fait sa renommée presqu'autant que la qualité du football qu'il prône.

Originaire de Casilda, non loin de Rosario, la troisième ville du pays, l'une des premières photographies iconiques de "Sampa" le représentait, fin 1995, t-shirt noir et lunettes de soleil, juché en haut d'un arbre pour donner ses consignes à l'équipe locale qu'il dirigeait, après avoir été exclu du banc de touche.

Sur le terrain, cette passion se traduit par des attentes fortes vis-à-vis des joueurs dont il attend une "implication absolue", comme il l'a encore dit mardi.

Privé d'une carrière professionnelle par des blessures, il méprise ces footballeurs "employés de bureau" qui ne font que "attendre la fin de l'entraînement pour se laver et rentrer chez eux", qu'il a décrit dans un entretien au journal argentin La Nacion en 2016.

"Un ami, pas un entraîneur" pour Nasri

Avec certains, notamment les plus créatifs, il peut cependant aussi développer une très grande proximité, voire une complicité.

"C’était un ami, pas un entraîneur (...) Si je voulais aller voir ma famille un week-end où je ne jouais pas, Sampaoli me disait qu’il s’occuperait de mon chien", avait raconté en mai 2020 Samir Nasri, qu'il a dirigé à Séville.

En terme de jeu, sa philosophie basée sur le pressing et la prise de risque individuelle doit beaucoup à Marcelo Bielsa, son modèle assumé.

"Je passais au moins 14 heures par jour à penser à lui, à observer des vidéos des matches de ses équipes. J’enregistrais même ses conférences de presse et je les écoutais en faisant mon jogging", avait-il confié au quotidien chilien El Mercurio en 2011.

Les deux hommes partagent aussi un CV de baroudeurs qui se recoupe avec la sélection argentine ou Marseille, que les deux ont entraînés.

"On ne vit pas en célébrant des victoires, mais en surmontant des défaites", s'est laissé tatouer sur un bras Sampaoli, empruntant cette phrase à Ernesto "Che" Guevara, un autre Argentin radical et globe-trotter.

Il a forgé ses principes au fil de passages plus ou moins réussis dans des clubs péruviens, équatorien et chilien, avant un premier succès marquant en remportant la Copa Sudamericana, la C3 sud-américaine, en 2011 avec l'Universidad de Chile.

Un bide avec l'Argentine

On lui confie alors, en 2012, la sélection nationale avec laquelle il élimine l'Espagne, championne du monde en titre, en poules au Mondial-2014 au Brésil, avant de chuter en huitièmes de finale contre le pays hôte.

L'année suivante, il fait encore plus fort en offrant au Chili la toute première Copa America de son histoire en battant en finale 'léquipe de son pays natal.

Après cette parenthèse enchantée d'un peu plus de trois ans et un premier échec en Europe, avec le FC Séville, il prend la tête de l'Albiceleste à l'été 2017.

Son règne durera quinze matches, jusqu'à une élimination contre la France en huitièmes de finale du Mondial-2018 (4-3), avec un groupe dont il n'a jamais obtenu l'adhésion.

Et s'il pestait encore en dévrier 2021 contre un foot devenu "trop instable" avec des "entraîneurs (qui) durent très peu", il a parfois provoqué ce chaos.

En 2002, un an et demi après avoir repris Marseille au creux de la vague et en avoir fait le dauphin de l'intouchable Paris SG, il part avec fracas parce que la direction n'appuie pas son ambition d'aller déloger le club de la capitale.

L'entraîneur admet qu'il est parfois plus ambitieux que ses propres dirigeants, et reconnaît qu'il doit encore parfois apprendre à freiner ses ardeurs: "Mon niveau d'exigence  est plus élevé que l'ambition des clubs dont je dirige l'équipe", reconnaît-il, "je vais essayer de m'améliorer de ce point de vue". 

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